Dans un article précédent, nous avions mis en évidence le fait que l’entrainement en force était indispensable pour lutter contre le déclin du système neuromusculaire. L’objectif de ce nouvel article est d’observer l’impact d’un entrainement en endurance sur le système cardiovasculaire des personnes âgées en bonne santé et fragiles.
1 – LES EFFETS CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES EN BONNE SANTÉ
QUE DIT LA LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE ?
Pour résoudre ces incapacités liées au vieillissement et pour lutter contre le déclin cardiorespiratoire des personnes âgées, de nombreux scientifiques ont cherché à étudier les effets de l’entrainement en endurance chez cette population. Voici ci-dessous un résumé de différentes études sur le sujet.
Hepple et al., 1996
Population : hommes en bonne santé (entre 65 et 74 ans)
Protocole : 30 min sur ergocycle
Durée total de l’intervention : 18 semaines – 3 séances par semaine
Résultats : Augmentation de la consommation maximale d’oxygène (+ 16 %) ; Augmentation de la puissance musculaire sur ergocycle (+ 15 %)
Cadore et al., 2011
Population : hommes en bonne santé (65 ± 4 ans)
Protocole : 20 à 30 min sur ergocycle à une intensité comprise entre 80 et 100 pulsation/min
Durée total de l’intervention : 12 semaines – 3 séances par semaine
Résultats : Augmentation de la consommation maximale d’oxygène (+ 20 %); Augmentation de la puissance (+ 19 %) ; augmentation de l’économie neuromusculaire
Okazaki et al., 2002
Population : Homme en bonne santé (65 ± 1 an)
Protocole : 60 min sur ergocycle à une intensité comprise entre 50 et 85 % VO2 max
Durée total de l’intervention : 18 semaines – 3 séances par semaine
Résultats : Augmentation de la consommation maximale d’oxygène (+ 20 %); Augmentation du seuil ventilatoire 1 (+ 9 %)
Izquierdo et al., 2004
Population : hommes en bonne santé (65-74 ans)
Protocole : 30 à 40 min sur ergocycle à une intensité comprise entre 70 et 90 % FC max
Durée total de l’intervention : 16 semaines – 2 séances par semaine
Résultats : Augmentation de la puissance maximale (+16 %) ; Diminution de la FC à 120 W
EFFETS SUR LES PARAMÈTRES CARDIORESPIRATOIRES ET NEUROMUSCULAIRES
À travers ces différentes études, nous pouvons faire le constat que l’entrainement en endurance génère de nombreux bienfaits sur les paramètres cardiorespiratoires et neuromusculaires des personnes âgées. En effet, ces paramètres, que ce soit, la consommation maximale d’oxygène (VO2max), le seuil ventilatoire 1 (SV1), la fréquence cardiaque à la même charge sous maximale, la puissance maximale sur ergomètre (W) et l’économie neuromusculaire, ont tous été améliorés après 12 à 18 semaines d’entrainement.
2 – LES EFFETS CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES FRAGILES
Dans les études que nous avons résumés dans la première partie de cet article, les résultats ont montré que l’entrainement en endurance générait des adaptations cardiovasculaires et neuromusculaires importantes chez les personnes âgées en bonne santé. Mais qu’en est-il des personnes âgées qui sont déjà dans un état fragile ? L’entrainement en endurance peut-il diminuer leur incapacités et amélioré leur autonomie ?
QUE DIT LA LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE ?
Ehsani et al., 2003, ont évalué l’effet de l’entrainement d’endurance chez les personnes âgées fragiles. Les sujets qui ont participé à cette étude devaient effectuer 20 minutes de marche (avec une progression à 60 min au fil des séances) à une intensité comprise entre 70 et 75 % de la fréquence cardiaque maximale. Le protocole mis en place a permis de montrer des effets positifs sur les paramètres cardiorespiratoires des personnes âgées fragiles. En effet, les résultats ont mis en évidence une augmentation de 12 % de la consommation maximale d’oxygène (VO2max). Néanmoins, il est important de préciser que le protocole d’entrainement mis en place dans cette étude intervient après 2 phases d’entrainements précédentes qui comprenaient 1 mois de physiothérapie suivi de 1 mois de musculation. Dans l’optique de préparer les personnes âgées fragiles à la marche, Il pourrait être nécessaire de renforcer le système neuromusculaire avant de commencer un entrainement en endurance (type marche) pour développer le système cardiovasculaire.
CONCLUSION
À travers cet article, nous avons pu mettre en évidence les bienfaits de l’entrainement en endurance chez les personnes âgées en bonne santé, mais aussi chez les personnes âgées fragiles. Les études que nous avons résumé, ont établi des protocoles différents en proposant des entrainements allant 20 à 60 minutes sur ergocycle (ou marche) à des intensités comprises entre 50 et 85 % de FC max pendant 12 à 18 semaines, à compter de 2 à 3 séances par semaine. Il est important de préciser que cet article ne cherchait pas à démontrer quel type d’entrainement en endurance il fallait appliquer. L’objectif était simplement de montrer que même pour les personnes âgées en bonne santé ou dans un état fragile, un entrainement en endurance quel qu’il soit, avec un volume d’entrainement différent, une intensité différente, une durée d’intervention différente, pouvait améliorer leurs capacités cardiorespiratoires et limiter les effets du vieillissement.
RÉFÉRENCES
Cadore, E. (2014). Strength and Endurance Training Prescription in Healthy and Frail Elderly. Aging and Disease, 5(3), 183.
Hepple RT, Mackinnon SLM, Thomas SG, Goodman JM, Plyley MJ. Quantitating the capillary supply and response to resistance training in older men. Eur J Appl Physiol. 1997;433:238–244.
Cadore EL, Pinto RS, Alberton CL, Pinto SS, Lhullier FLR, Tartaruga MP, Correa CS, Almeida APV, Silva EM, Laitano O, Kruel LFM. Neuromuscular economy, strength and endurance in healthy elderly men. J Strength Cond Res. 2011;25:997–1003.
Okazaki K, Kamijo Y-I, Takeno Y, Okumoto T, Masuki S, Nose H. Effect of exercise training on thermoregulatory responses and blood volume in older men. J Appl Physiol. 2002;96:1630–1637.
Izquierdo M, Ibañez J, Häkkinen K, Kraemer WJ, Larrión JL, Gorostiaga EM. Once weekly combined resistance and cardiovascular training in healthy older men. Med Sci Sports Exerc. 2004;36:435–443
Ehsani AA, Spina RJ, Peterson LR, Rinder MR, Glover KL, Villareal DT, Binder EF, Holloszy JO. Attenuation of cardiovascular adaptations to exercise in frail octogenarians. J Appl Physiol. 2003;95:1781–1788.
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